Nouvelle-Calédonie. Le référendum qui n'a pas eu lieu

 

12 décembre 2021. Dernier référendum en Nouvelle-Calédonie concernant son indépendance

12 décembre 2021. Dernier référendum en Nouvelle-Calédonie concernant son indépendance. Le Oui contre le Non. « Voulez-vous que la Nouvelle-Calédonie accède à la pleine souveraineté et devienne indépendante ? ». That's the question selon l'Accord de Nouméa.


Nouvelle-Calédonie. Référendum.


Que dit l’accord de Nouméa ?

C'était le 5 mai 1998. L’Accord de Nouméa est signé sous Lionel Jospin avec le Rassemblement pour la Calédonie dans la République d’un certain Jacques Lafleur (UMP-LR) et le Front de Libération Nationale Kanak et Socialiste.

L'Accord de Nouméa pose le principe de la légitimité du peuple Kanak et de la légitimité des colons et de leurs descendants ainsi que d'une « solution négociée et consensuelle pour une vie en commun » sacralisée par la question : «  Voulez-vous que la Nouvelle-Calédonie accède à la pleine souveraineté et devienne indépendante ? ».

Dans son Préambule, l’Accord de Nouméa reconnaît la colonisation légitime mais indue du peuple Kanak tout en reconnaissant son action positive faite de lumière.

Extrait : 
« 1. Lorsque la France prend possession de la Grande Terre, que James Cook avait dénommée « Nouvelle-Calédonie », le 24 septembre 1853, elle s'approprie un territoire selon les conditions du droit international alors reconnu par les nations d'Europe et d'Amérique, elle n'établit pas des relations de droit avec la population autochtone. Les traités passés, au cours de l'année 1854 et les années suivantes, avec les autorités coutumières, ne constituent pas des accords équilibrés mais, de fait, des actes unilatéraux.

Or, ce territoire n'était pas vide

La Grande Terre et les îles étaient habitées par des hommes et des femmes qui ont été dénommés kanak. Ils avaient développé une civilisation propre, avec ses traditions, ses langues, la coutume qui organisait le champ social et politique. Leur culture et leur imaginaire s'exprimaient dans diverses formes de création.

L'identité kanak était fondée sur un lien particulier à la terre. Chaque individu, chaque clan se définissait par un rapport spécifique avec une vallée, une colline, la mer, une embouchure de rivière, et gardait la mémoire de l'accueil d'autres familles. Les noms que la tradition donnait à chaque élément du paysage, les tabous marquant certains d'entre eux, les chemins coutumiers structuraient l'espace et les échanges.

2. La colonisation de la Nouvelle-Calédonie s'est inscrite dans un vaste mouvement historique où les pays d'Europe ont imposé leur domination au reste du monde.

Des hommes et des femmes sont venus en grand nombre, aux xixe et xxe siècles, convaincus d'apporter le progrès, animés par leur foi religieuse, venus contre leur gré ou cherchant une seconde chance en Nouvelle-Calédonie. Ils se sont installés et y ont fait souche. Ils ont apporté avec eux leurs idéaux, leurs connaissances, leurs espoirs, leurs ambitions, leurs illusions et leurs contradictions.

Parmi eux certains, notamment des hommes de culture, des prêtres ou des pasteurs, des médecins et des ingénieurs, des administrateurs, des militaires, des responsables politiques ont porté sur le peuple d'origine un regard différent, marqué par une plus grande compréhension ou une réelle compassion.

Les nouvelles populations sur le territoire ont participé, dans des conditions souvent difficiles, en apportant des connaissances scientifiques et techniques, à la mise en valeur minière ou agricole et, avec l'aide de l'Etat, à l'aménagement de la Nouvelle-Calédonie. Leur détermination et leur inventivité ont permis une mise en valeur et jeté les bases du développement.

La relation de la Nouvelle-Calédonie avec la métropole lointaine est demeurée longtemps marquée par la dépendance coloniale, un lien univoque, un refus de reconnaître les spécificités, dont les populations nouvelles ont aussi souffert dans leurs aspirations.

3. Le moment est venu de reconnaître les ombres de la période colonialemême si elle ne fut pas dépourvue de lumière…. »

Lire l'Accord sur Légifrance

Question à la dénommée Nouvelle-Calédonie

«Voulez-vous que la Nouvelle-Calédonie accède à la pleine souveraineté et devienne indépendante ?».

Le processus 

Ainsi, pour avoir la réponse à la question posée aux habitants de la Nouvelle-Calédonie, un premier référendum devait s'y tenir. Si le résultat du premier était négatif, un 2nd référendum devait avoir lieu 2 ans après le premier.
En cas de réponse négative, selon la décision n° 99-410 DC du 15 mars 1999 du Conseil constitutionnel, un 3ème référendum devrait être mis en place 4 ans après le premier.

1er référendum

Le 4 novembre 2018, avec un taux de participation de 81, 01 % au premier référendum, le « Non » l’emportait à 56,67% contre 43,33 %.

2nd référendum

Le 4 novembre 2020, avec un taux de participation de 80 %, le « Non » l’emportait à 53,26 % contre 46,74 %.

Compte tenu de la progression du « Oui », le porte-parole du FLNKS, Victor Tutugoro, indépendantiste Kanak, réclame un troisième référendum. Cette demande est faite officiellement le 8 avril.
À ce moment de l’année, la Nouvelle-Calédonie dont la situation d’indépendance ou non doit être éclaircie en 2022, n’est pas encore impactée par le Covid19.

3ème référendum 

Le gouvernement français fixe la date du troisième référendum au 12 décembre 2021, date évoquée par les non Kanaks (les loyalistes) qui sont opposés à ce dernier référendum tandis que les indépendantistes veulent une date pour septembre 2022 puisqu’il est prévu qu’il en soit ainsi selon l'Accord (article de France 24 ).

Mais voilà. Entretemps, le Covid est arrivé en Nouvelle-Calédonie avec son lot de morts.
Les Kanaks, très attachés à leurs traditions et cultes, doivent observer une période de deuil de 1 an.
Le FLNKS demande donc au gouvernement français de reporter la date du référendum à 2022 (FranceTvInfo).

Ah  ! Que nenni, répond Macron qui veut être le Président des 3 référendums.
D’autant que la Chine lorgne sur la Nouvelle-Calédonie, 3ème réserve mondiale de Nickel.
Alors les indépendantistes décidèrent de boycotter le référendum (RFI , Le Monde  Le Point).

Mais le vote a bien eu lieu le 12/12/2021.
Taux de participation : 43,90%
Non :  96,49% 
Oui : 3,51%

Et Macron se félicita de la victoire du "Oui".
Et LR aussi.
Et UDI aussi.
Et le RN aussi.
Et Zemmour aussi.

Quand les racistes sont contents, c’est qu’il y a un loup.

Et Macron de préciser : 
« Ce soir, la France est plus belle car la Nouvelle-Calédonie a décidé d’y rester. » 
« Le jour d'après, il y aura une vie ensemble avec la France», « notamment compte tenu de la réalité géopolitique de la région » (FranceTvInfo).

Ainsi soit-il. 
La géopolitique avant les Kanaks. Et le nickel (Les Echos) dont ils ne profitent pas surtout.

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